L’armée israélienne a ouvert cinq enquêtes criminelles internes sur de possibles fautes graves qu’elle aurait commises lors de la dernière guerre dans la bande de Gaza, a indiqué, mercredi 10 septembre, un responsable militaire. Deux jours avant cette annonce, les deux principales organisations de défense des droits humains en Israël, B’Tselem et Yesh Din, avaient annoncé qu’elles ne s’associeraient plus à ces investigations, dénonçant un « mécanisme de blanchiment » des militaires impliqués.
De fait, la commission d’enquête avait été mise en place dès le début de l’opération « Bordure protectrice », qui a fait deux mille deux cent dix-sept morts côté palestinien, selon le comptage de l’armée, laquelle a perdu soixante-cinq soldats, et six civils israéliens entre le 8 juillet et le 26 août. Durant ce conflit, l’Organisation des Nations unies (ONU) et des organisations internationales de défense des droits humains avaient vivement dénoncé plusieurs cas d’usage injustifié ou disproportionné de la force par l’armée israélienne contre des civils palestiniens. Quatre-vingt-quinze dossiers ont été signalés à la commission et cinquante incidents doivent encore être examinés, a précisé l’armée.
Tsahal a donc ouvert des enquêtes criminelles sur le bombardement le 24 juillet d’une école de l’ONU où s’étaient réfugiés des Gazaouis (quinze morts) ainsi que sur un bombardement d’une plage du nord de Gaza, qui a tué quatre enfants. Ces frappes avaient été condamnées par une partie de la communauté internationale, au premier rang de laquelle l’ONU et les Etats-Unis.
« Les autorités israéliennes ne veulent pas enquêter »
Les trois autres enquêtes de l’armée israélienne portent sur la mort d’une femme devant sa maison – alors qu’elle avait coordonné son départ de chez elle avec l’armée israélienne –, des maltraitances sur un prisonnier et des vols commis par un soldat dans une maison palestinienne. Tsahal s’est engagée à examiner « toute allégation crédible de mauvaise conduite », a assuré un responsable militaire.
Le Conseil des droits humains de l’ONU a pour sa part créé une commission chargée d’enquêter sur « toutes les violations de la loi humanitaire internationale et des lois internationales sur les droits de l’homme » dans les Territoires palestiniens, « en particulier dans la bande de Gaza occupée » pendant la guerre.
« Les statistiques montrent que les autorités israéliennes ne veulent pas enquêter sur les violations des droits de l’homme commises par les forces de sécurité contre les Palestiniens », écrivaient B’Tselem et Yesh Din lundi dans un communiqué. Selon les statistiques établies par Yesh Din, le nombre d’inculpations au sein de l’armée a baissé de façon significative depuis plusieurs années. Seulement 2,2 % des enquêtes ouvertes concernant des soldats soupçonnés d’actes criminels contre des Palestiniens ou leurs biens ont donné lieu à des inculpations entre 2010 et 2013. « Au cours des quatre dernières années, le nombre d’inculpations a chuté de moitié », notent les ONG. Cette période couvre les opérations « Plomb durci », au début de 2009, et « Pilier de défense », en novembre 2012, dans la bande de Gaza.